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Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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104 CALVIN<br />

Une demoiselle d'honneur commençait à lire,<br />

d'une voix fraîche <strong>et</strong> ingénue, l'une des nouvelles<br />

de l'Heptaméron. La lecture était fort libertine,<br />

<strong>et</strong> la demoiselle en débitait sans trouble les passages<br />

les plus scabreux. Autour d'elle, les couples<br />

folâtraient sur l'herbe, <strong>et</strong> la brise, parfumée aux<br />

odeurs rustiques, soulevait des dentelles <strong>et</strong> des<br />

satins qui laissaient apercevoir de charmants<br />

appas. Puis, rajustant sa fraise ou secouant sa<br />

robe, on rentrait au château, pour y jouer une<br />

comédie dans le goût des « Nouvelles ».<br />

— « Nous passons notre temps », disait Marguerite,<br />

« à faire mômeries <strong>et</strong> farces ». Elle en était<br />

le principal auteur. La religion <strong>et</strong> l'amour faisant<br />

l'obj<strong>et</strong> de ses plus constantes préoccupations, elle<br />

les ajustait hardiment en une commune mesure,<br />

<strong>et</strong> les mêlait si étroitement qu'on se fût trouvé<br />

bien en peine de les séparer. C<strong>et</strong>te façon d'accommoder<br />

l'Évangile dut paraître à <strong>Calvin</strong> singulièrement<br />

impertinente, <strong>et</strong> sans doute fit-il entendre<br />

quelques rudes vérités à ces dames <strong>et</strong> à ces seigneurs<br />

libertins qui voulaient m<strong>et</strong>tre Dieu là où<br />

il n'avait que faire.<br />

Il le trouva, apparemment, mieux à sa place<br />

dans la chapelle de la reine, où Marguerite avait<br />

institué ce culte nouveau que Fl. de Roemond<br />

appelle « la messe à sept points ». Le prêtre disait<br />

la messe à l'ancienne façon, mais il fallait qu'il<br />

y eût communion publique. Il n'y avait plus<br />

d'adoration ni d'élévation, de commémoration de<br />

la Vierge <strong>et</strong> des saints. Le prêtre, qui n'était pas<br />

astreint au célibat, communiait avec un grand<br />

pain à la grecque, qu'il rompait sur l'autel. Après

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