Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

LA MORT D'IDELETTE 273
l'aiguillette, trottant çà et là pour dérober et tromper.
Tels rustres étant déjà si décriés qu'ils ne peuvent
trouver lieu aux églises de Dieu, pour user de leurs ruses,
prenant leur vol d'un autre côté, babillent contre nous
impudemment, disant tout ce qui vient en leur bouche.
Que devons-nous faire ? Nous voyons des fainéants de
moines, ou d'autres qui leur ressemblent du tout,
encore qu'ils n'aient jamais vêtu le froc, qui tous promettent
qu'ils seront petits anges, et si on leur trouve
moyen de vivre, qu'ils se contenteront de pain et d'eau.
Toutes ces belles vanteries de patience s'en vont incontinent
en fumées, et après avoir montré quelque temps
combien ils sont fainéants et inutiles, troussent quilles
sans sonner mot.
« Je confesse que beaucoup qui seront venus ici
espérant y trouver condition, après l'avoir cherchée,
s'en retournent frustrés de leur espoir, comme il ne se
peut autrement en si grande multitude de gens qui
demandent... et ces galants iront ensuite semer leurs
complaintes partout, pleins de mensonges incroyables. »
Tous ceux, bien entendu, qui ressortent de
Genève aussi gueux qu'ils y sont venus, après
avoir cru faire fortune, en rejettent la faute sur
Calvin et l'accusent de tous les vices. On lui en
veut du lazaret immonde où Perrin fait entasser
les « bannys » français, de l'étroitesse de Genève,
de son encombrement, de ses rigueurs... Car, tout
autant que les Genevois, beaucoup de ces gens-là
prétendent jouer, boire et aimer librement.
C'est alors que survient Bolsec. Nous l'avons
rencontré à la cour de Ferrare, lors du voyage de
Calvin et de son ami du Tillet. L'ancien moine a
louvoyé longtemps entre le catholicisme et le
protestantisme, puis il s'est résolu à combattre le
réformateur.
Attaché au service du sieur de Falais en qualité
CALVIN.
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