Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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l'énergie de son corps à écarter les voiles qui le
lui cachaient, afin de contempler sa face dans la
pure, l'éblouissante lumière de la vérité. Il avait
alors des ivresses singulières. Il lui semblait entrevoir
quelque chose de la perfection de Dieu. Il
en demeurait anéanti, brisé par le grand effort qui
l'avait porté jusqu'à la notion de l'Infini. Cela
dépassait les forces humaines, et son corps défaillait
d'avoir été poussé si rudement dans une voie
qui n'est pas ordinaire aux hommes. Il ne l'en
secouait que mieux, irrité qu'il osât prétendre
à des ménagements et le gêner dans son travail.
Qu'il lui servît pour écrire, prêcher, apprendre et
le porter là où l'âme avait besoin d'aller, soit. Rien
de mieux. Mais qu'il se permît de réclamer quoi
que ce fût pour sa propre commodité, Calvin
ne l'admettait pas et sa volonté, plus forte qu'aucune
volonté humaine, matait durement la chair.
Il la gorgeait de travail, sans guère lui accorder
plus de sommeil et de nourriture qu'il en faut pour
ne pas mourir.
D'ailleurs, il était pauvre. La succession de son
père n'était pas réglée et, nous le verrons, le
14 février 1532 se présenter, en compagnie d'An-
toine, son frère, clerc, qui demeurait aussi à Paris,
devant deux notaires royaux du Châtelet pour
faire rédiger une procuration et donner à son frère
Charles, resté à Noyon, le pouvoir de vendre une
partie du patrimoine commun.
Encore qu'il en eût, le corps surmené le dominait
parfois. Il faisait de lui, qui eût voulu n'être
que douceur et tendresse, un être nerveux, irritable.
Calvin était capable de dire à un ami,
en des heures d'épanchement : « Tu connais la
tendresse, pour ne pas dire la mollesse, de mon