Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

MARIAGE DE CALVIN 211
linge, ses bonnets, ses longues robes, ses guimpes
fines et ses belles ceintures dorées. C'est une femme
économe et ordonnée. N'a-t-elle pas souhaité, en
se remariant, trouver un foyer paisible, des coffres
bien rangés, une chambre bien close, et non cette
sorte d'hôtellerie où l'on entre comme dans un
moulin, et où il lui faut essuyer les rebuffades
de la demoiselle du Verger, qui a le propos « plus
libre que juste » ? Et n'éprouve-t-elle pas un certain
dépit à se voir devenue, en quelque sorte,
la servante de tous ces gens ?
Sa douceur, cependant, n'en est point altérée.
Elle reste calme, modeste, pudique, peut-être un
peu trop sermonneuse, car elle aime assez à tenir
des discours édifiants, que la demoiselle doit couper
d'un mot, quand le prêche l'importune. Elle ne
semble pas se douter que beaucoup de jeunes
femmes, à sa place, s'étonneraient de mener une
existence aussi sévère dans le temps même de leur
lune de miel, et subit d'une âme sereine les emportements
de l'irascible malade qu'elle vient de
prendre pour époux. On ne peut demander plus
d'abnégation et de charité chrétienne, et Calvin
se sent pénétré d'un bonheur si complet qu'il en
est effrayé.
Ce bonheur, hélas, est de courte durée. Idelette
ne tarde pas à entrer dans son rôle de gardemalade
et à donner les soins promis au fiancé.
Au 3 septembre, c'est-à-dire six semaines après
ses noces, Calvin souffre d'une lourdeur de tête,
mais ce mal lui est si familier qu'il n'y prête pas
d'attention. Le dimanche suivant, s'étant un peu
échauffé dans le sermon de l'après-midi, il sent
se liquéfier les humeurs qui ont occupé son cerveau.
Un catarrhe le saisit alors, dont le flux conti-