Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

MICHEL SERVET 283
ment contraire à la religion chrétienne et donne de
grands scandales.
Schaffhouse adopte l'avis de Zürich. Évidemment
les quatre Églises conseillent la rigueur, sans
vouloir encourir de responsabilité. Cependant, la
Seigneurie hésite encore à prendre une décision,
et plusieurs des syndics favorables à Servet, entre
autres Amy Perrin, s'absentent de Genève afin
de faire ajourner le jugement.
Pendant ce temps, Servet gémit dans sa prison.
Son ton a bien changé. Il est maintenant humble
et suppliant.
« Magnifiques seigneurs », dit-il, « il y a bien trois
semaines que je désire et demande audience et n'ai
jamais pu l'avoir. Je vous supplie, pour l'amour de
Jésus-Christ, de ne me refuser ce que vous ne refuseriez
à un Turc, en vous demandant justice. J'ai à vous dire
choses d'importance et bien nécessaires. Quant à ce
que vous aviez commandé qu'on me fît quelque chose
pour me tenir net, rien n'en a été fait, et je suis plus
piètre que jamais. Et davantage, le froid me tourmente
grandement à cause de ma colique et rompure, laquelle
m'engendre d'autres pauvretés qu'ai honte de vous
écrire. C'est grande cruauté que je n'aye congé de parler,
seulement pour remédier à mes nécessités. Pour l'amour
de Dieu, messeigneurs, donnez-y ordre, ou pour pitié,
ou pour le devoir. »
Le 26 octobre, le Conseil se réunit de nouveau
pour décider du sort de Servet. Ce jour-là encore,
dans la salle du jugement, la plupart de ses protecteurs
s'abstiennent de paraître, et Amy Perrin
s'efforce en vain de sauver le malheureux médecin.
Il demande que le prévenu soit déclaré innocent
et renvoyé absous, puis que l'affaire soit portée