Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

LA LUTTE 253
qu'ils sont pires que des bêtes. Le peuple, déjà
exaspéré par l'emprisonnement d'Ameaux, gronde
sous l'insulte. Le pâtissier Amyède Alliot crie vers
le réformateur ! « Il n'est pas vrai ! Nous ne sommes
pas des bêtes ! » Et, le lendemain, le faubourg a
pris son
parcourt
air
en
des jours
débandant
d'émeute. La populace
des arquebuses et
le
en
poussant des cris séditieux.
Alors le Conseil s'y transporte en grand appareil
justicier, et fait planter un gibet au beau milieu
de la place.
Quelques
Le tumulte
jours plus
s'apaise
tard,
aussitôt.
le Conseil lit à
P. Ameaux sa sentence :
Nous te condamnons à faire amende honorable, en
chemise et à genoux, la tête nue et ayant en main une
torche de cire allumée et ce au devant de la maison-deville,
par-devant nous, séans en notre tribunal, en
disant et confessant par toi, à haute et intelligible voix,
que contre Dieu, vérité et raison, tu as dit que maître
Jean Calvin avait annoncé fausse doctrine en la dite
ville. Ensuite tu seras mené le long de la dite ville,
ayant la torche au poing et la tête nue, à la manière
accoutumée, et conduit aux trois places publiques et
principales, savoir au Bourg-de-Four, au Molard et à
la place Saint-Gervais, et en chacune desdites trois
places tu feras une semblable confession à genoux, la
torche au poing, pour servir d'exemple à tous autres.
On peut aisément imaginer la haine que le
pauvre Ameaux nourrit contre maître Calvin après
ces trois stations qui l'ont exposé aux regards de
toute la ville dans la plus humiliante posture que
puisse prendre un homme, et le plus grotesque
costume.
Cependant, ce n'est pas lui encore la plus mauvaise
tête. Il y a d'abord Amy Perrin, qui tous