Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

DERNIÈRES ANNÉES 347
Bossuet de dire, en parlant du protestantisme,
que la vérité ne peut pas être dans une multiplicité
de doctrines différentes et de vérités qui
se combattent.
Quel fût le désespoir du mourant, s'il a pressenti
l'étrange mésaventure réservée à son oeuvre?...
Le 19 mai 1564, veille de la Pentecôte, qui était
le jour où les ministres s'assemblaient pour se
censurer et souper ensemble en signe d'amitié,
le repas fut pris en la maison de Calvin. Il s'y fit
porter sur une chaise et dit en entrant :
« Mes frères, je viens vous voir pour la dernière
« fois, car, hormis ce coup, je n'entrerai jamais
« à table ».
« Ce nous fut une pitoyable entrée », écrit l'un des
pasteurs, « combien que lui-même, fit la prière comme
il pouvait, et s'efforçât de nous réjouir, sans qu'il put
manger que bien peu. Toutefois avant la fin du souper,
il prit congé et se fit remporter en sa chambre, qui était
proche, disant ces mots avec une face la plus joyeuse
qu'il pouvait : « Une paroi entre deux n'empêchera
point que je ne sois conjoint d'esprit avec vous ».
Depuis ce soir, il ne bouge plus de dessus ses reins,
épuisé, déjà fort maigre avant, mais pas changé de
visage. »
Le 26 mai, le procès-verbal du Conseil déclare :
Le sieur Antoine Calvin refusa hier de prendre le
mandement (ordre de paiement de traitement) de son
frère, disant qu'il est prochain de la mort, et qu'on
ne peut le persuader à le recevoir.
Le samedi 27 mai 1564, il sembla qu'il parlait
plus fort et se sentait plus à son aise.