Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

176 CALVIN
Couraud, du haut de la chaire, a insulté les syndics.
« Messieurs les gouvernants », a-t-il déclaré, « vous
êtes comme l'idole de Daniel, vous avez les pieds de
cire... Vous croyez peut-être que le royaume des cieux
est comme celui des grenouilles, où ceux qui y sont
crient plus fort que les autres. Vous êtes comme des
rats parmi la paille... Vous avez pour troupe un tas
d'ivrognes sans conscience. »
Le lendemain, samedi 20 avril 1538, dès six
heures du matin, l'infirme apparaît une fois encore
dans la chaire, d'où il s'apprête à débiter de nouvelles
injures, quand les soldats du Conseil se
jettent
Farel
sur lui et
et « maistre
l'emmènent
Calvinus
en prison. Alors
», accompagnés de
quatorze protestants, fendent la populace, d'où
sortent des poings et des bâtons. Ils pénètrent dans
l'hôtel de ville, et le tumulte est à son comble.
Les pasteurs éclatent en reproches : « On a fait
mal, méchamment et iniquement ! » déclarent-ils
aux syndics.
Et ceux-ci s'agitent sur leurs sièges.
Les têtes
tournent dans les fraises. Il y a un grand débat.
Tous les gens parlent en même temps. Les uns
prétendent interdire la chaire aux prédicants, les
autres, au contraire, veulent qu'ils y montent le
lendemain, jour de Pâques. Michel Sept crie :
« Ils prêcheront, ils prêcheront ! » et Farel tonne :
« Sans moy, vous ne fussiez pas ainsi ! »
Puis on entend les syndics demander, une fois
encore, aux pasteurs s'ils sont enfin résolus à
« obtempérer es dites lettres de messieurs de
Berne. »
Non, ils n'obtempéreront point ! Ils sont maîtres