Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

MARIAGE DE CALVIN 213
déjeuner, il a deux syncopes. Puis, de fréquents
accès le tourmentent, à des heures incertaines,
de façon qu'on ne peut saisir la forme précise de
la fièvre. Il transpire tellement qu'il mouille presque
tout son oreiller.
Est-ce l'émotion de le voir malade, la fatigue,
le chagrin ? Voilà qu'à son tour Idelette est prise
de fièvre. Les hanaps et les cuvettes qu'elle apporte
à son mari tremblent entre ses mains. Sa belle
coiffure branle sur sa tête. Il lui faut, elle aussi,
se mettre au lit. Les vomissements et la diarrhée
lui vident le corps. Elle est si faible qu'elle peut
difficilement se soulever sur sa couche.
« En vérité, de peur que notre mariage ne fût trop
heureux, Dieu s'est hâté et a tempéré notre joie pour
qu'elle ne dépassât pas la mesure », écrit Calvin à son
ami Farel.
D'une voix faible, Idelette, penchée sur son
bassin, répond aux plaintes de son époux quelques
belles paroles tirées de l'Écriture. Idelette, en
vérité, n'est que vertu et résignation, et il faut
que la malignité des hommes soit bien grande
pour avoir osé comparer cette pudique créature
à une femme publique. C'est pourtant ce qui est
arrivé, apparemment pour lui apprendre à pratiquer
la vertu d'humilité, et pour qu'elle ne tirât
point vanité de sa grande sagesse.
Le premier mariage d'Idelette, en effet, selon
la coutume anabaptiste, n'a pas eu de sanction
civile. Calvin ayant alors déclaré qu'il avait
reconnu la faute de sa femme avec son premier
mari, certaines personnes malintentionnées ont
tiré parti de ce fait pour calomnier Idelette et
la traiter de fille de joie !