Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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fesseur, ou avouait quelque démangeaison incongrue,
dans la langue de Cicéron. Tout élan était
rompu en ces jeunes êtres emmitoufflés de drap,
et qui n'avaient pas plus la liberté de leur cerveau
que de leur corps. Ils vivaient sous le régime de
la terreur. A la moindre incartade, au moindre
signe de paresse ou de relâchement, verges et
férules s'abattaient sur eux. Les maîtres en usaient
avec une générosité toute particulière. Doigts et
fesses saignaient au collège Montaigu, où les hurlements
des élèves alternaient avec les coups de
cloche et les péroraisons latines.
Le petit Jean eut vraisemblablement la chance
de n'y pas être pensionnaire, et de rentrer chaque
soir chez son oncle le forgeron, qui prenait grand
soin de lui. Mais voyait-il seulement le beau feu
ronflant de la forge, et appréciait-il, comme il
le devait, la bonne soupe épaisse qu'on lui avait
gardée, quand il s'en revenait le soir, les oreilles
tout échauffées par la laine de son chaperon et
l'esprit surexcité par tout le travail intellectuel de
la journée ?
Ce travail ne laissait pas un seul instant de
répit aux malheureux élèves, qu'on trouvait levés
dès quatre heures du matin, quand ils étaient
pensionnaires.
La réorganisation du collège par le principal
Jean Standonck datait de 1509. Standonck avait
introduit un régime d'excessive sévérité : de quatre
à six heures, leçons, puis messe ; de sept à huit,
récréation ; de huit à dix, leçons ; de dix à onze,
discussion et argumentation ; à onze heures, dîner,
puis de midi à deux heures, examen sur les matières
enseignées aux leçons ; le samedi avait lieu la
dispute publique ; de deux à trois heures récréa-