Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

L'APPEL DE GENÈVE 227
pour la défendre. Ils restent, ils attendent l'ouverture
du colloque. La nuit, en rêve, ils mêlent leurs
gémissements. Et Calvin, sans doute, se débat
sur sa couche de hasard en appelant Idelette.
Il n'en peut plus de chagrin.
Son Claude, le disciple bien-aimé, a été enlevé par
la peste. Louis, le frère de Charles l'a suivi trois jours
après. La maison est « misérablement dissipée ».
Charles et Antoine ont fui dans un village voisin.
Sa femme s'est retirée chez son frère. « A l'amertume
de la douleur vient se joindre une anxieuse,
une véhémente sollicitude pour ceux qui survivent
». Jour et nuit Calvin a devant les yeux
sa femme, « dépourvue de conseil parce qu'elle
est privée de son mari. »
Le deuil de Charles le tourmente d'une manière
toute particulière. En quatre jours, celui-ci a
perdu son frère unique et le précepteur qu'il
aimait comme un père. Calvin ne peut pas non
plus s'empêcher de penser à Malherbe, un autre
de ses disciples, attaqué lui aussi de la peste,
et il s'effraie en songeant aux excellents jeunes gens
qui le soignent. Tout cela lui cause un tel chagrin
que son âme est « complètement anéantie et son
esprit brisé ». Claude était presque un frère pour
lui et sa mort l'a jeté dans le désespoir. Dieu,
en le lui enlevant a voulu châtier ses péchés.
Et Farel, continue à le poursuivre de sa fureur.
Il lui a envoyé une lettre si violente que Calvin
n'a pas osé la remettre à Bucer. Il la renvoie à
son ami, le 29 mars 1541, en ajoutant ces mots:
Quant à moi, tu diras et feras tout ce que tu voudras
impunément... Et puisque tu le veux ainsi et que tu
ne peux être amené à changer d'avis, me voici tout à