Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

PREMIER SÉJOUR A GENÈVE 139
Calvin est ambitieux, mais avant tout, il est
croyant. Il a vu dans Genève la place forte où
il pourra édifier son oeuvre dans toute sa pureté
et sa rigidité, sans compromission, sans concessions
aux princes. Cela surtout a dû le décider.
Ses débuts sont humbles.
Comme il n'a, dit-il, nulle grâce à parler en
public, il a été décidé que Farel continuera ses
prêches, et que lui se contentera d'enseigner la
théologie.
Avant de commencer ses cours, il s'en va régler
ses affaires à Bâle et y conduire un parent, Artesius
ou Lois d'Artois. En route, il rencontre Lausanne,
Yverdon, Neufchâtel, la Neuveville, et s'y arrête.
Au retour, il est affligé d'un violent catarrhe qui
s'est porté sur la gencive supérieure. On le saigne
deux fois. Du matin au soir il lui faut se tenir la
joue au chaud dans un cataplasme. La douleur
devient bientôt si intolérable qu'il absorbe quantité
de calmants. Pendant neuf jours il est dans la
farine, les drogues, les emplâtres. Le catarrhe
finit par céder à tous ces remèdes, et Calvin, à
la fin du mois d'août 1536, commence ses fonctions
de « professeur des saintes Lettres dans l'Église
de Genève ».
De la rue des Chanoines, où il habite, il aperçoit
le haut de l'église Saint-Pierre. C'est à cette
église qu'il se rend, chaque après-midi, pour y
expliquer les épitres de Saint-Paul, « avec grande
louange et utilité ».
L'Hôtel de Ville se trouve, lui aussi, à quelques
pas de la maison de Calvin, dans la rue de la
Treille, qui aboutit à la porte Baudet.
Humble vie, débuts mélancoliques et rebutants.
Les Genevois, en vérité, se soucient fort peu de