Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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porte. Calvin se précipite dans les groupes et
apaise les gens. Il évite l'effusion du sang.
Les journées de Calvin sont faites de discussions.,
de luttes, d'injures. Il lui faut s'exposer sans cesse,
tenir tête à tous ses ennemis — et Dieu sait s'ils
sont nombreux! — sévir impitoyablement, c'està-dire
se rendre de. plus en plus odieux et faire
converger sur soi les feux de toutes les haines,
surtout ne jamais laisser paraître de faiblesse, car
le peuple méprise les faibles, et ne rien dire de
ses tourments intimes, être, en public, un homme
insensible, montrer à tous un visage froid. « A rude
âne, rude ânier », a-t-il coutume de répéter. Et il
sait bien qu'il ne se tient en sa place qu'à force
de fermeté et de courage.
Mais, rentré chez lui, le masque tombe, les nerfs
se détendent, et l'on voit alors qu'il est usé, torturé,
tué de besogne et de soucis, et qu'il faut avoir
son énergie, dont peu d'hommes ont donné
l'exemple, sa ténacité singulière, pour ne pas
abandonner Genève une seconde fois.
Si, du moins, au milieu de tous les chagrins de
sa vie publique, Dieu lui avait donné une compagne
bien portante, il pourrait goûter quelque repos
dans son logis, y reprendre des forces, et en
repartir plus vaillant pour le grand combat du
Christ. Mais il ne rentre chez lui, au contraire,
que pour y trouver un nouveau sujet de tourment
et une nouvelle raison de se décourager.
Les couches prématurées d'Idelette ont irrémédiablement
perdu sa santé. La pauvre femme est
tout le temps malade. Elle souffre de tout son
corps, et il n'y a pas longtemps qu'elle a failli,
de nouveau, être emportée. De grandes souffrances
l'ont tourmentée, et elle est restée sans force. La