Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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rait aller sans l'aide d'une créature dévouée qui
voudrait bien passer tout son temps à le soigner ?
Mais il devait être prêtre ? Hé bien ! Les premiers
pasteurs du Christ n'avaient-ils pas femme
et enfants ? La vérité se trouvait dans l'Église
primitive. Il fallait revenir à ses moeurs. Tout ce
que l'homme y avait ajouté n'était qu'erreur et
scandale.
Mais comment transformer l'Église ?
N'est-ce point, se disait-il, une chose horrible à
lire, ce qu'écrivent Isaïe, Jérémie, Joël, Habacuc
et les autres, du désordre qui était en l'Église de
Jérusalem ? Néanmoins, les prophètes ne forgeaient
pas une nouvelle Église pour eux, et ne
dressaient pas des autels nouveaux pour faire leurs
sacrifices à part. Quels que fussent les hommes,
ils adoraient Dieu d'un coeur pur et élevaient pures
leurs mains au ciel.
Calvin était dans une grande perplexité. Sa
nature répugnait aux réformes que réclamait son
esprit. Nul n'avait plus que lui horreur de toute
liberté d'opinion, horreur, comme le fait remarquer
Emile Faguet, que Bossuet lui-même n'est
pas capable de ressentir plus vivement. Tous deux
étaient
qui
hommes à écrire : « L'hérétique est celui
a une opinion. » — La liberté de conscience
paraissait à Calvin un monstre exécrable qu'il
fallait exterminer de la terre.
A ces débats intérieurs s'ajoutaient de grandes
préoccupations. Là-bas, à Noyon, son frère s'était
de nouveau brouillé avec l'Église. Il lui fallut
repartir en hâte dès le commencement des vacances.
On ne sait s'il prit ses grades de docteur
avant de quitter la ville.