Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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donner tout entier à sa passion de l'étude. Il lui
fallut connaître tout ce que la Réforme comptait
d'hommes remarquables en Suisse. Il vit Pierre
Viret, qui était à Bâle en novembre 1535, et fit
avec lui une visite à Claudius Feroeus. Il apprit
à connaître Bullinger, lequel se trouvait à Bâle
le 3 février 1536, jour où fut signée la première
confession de foi helvétique. Il en connut bien
d'autres encore, dont les noms ne sont point parvenus
jusqu'à nous. A tous, il préférait son ami
Simon Grynée. Chaque jour on lui présentait de
nouvelles recrues qui venaient d'adhérer à la
Réforme ou se montraient encore hésitantes, indé-
cises, et dont il fallait réchauffer le zèle. Chaque
jour il devait vaincre sa timidité, sa sauvagerie
et, de taciturne, devenir éloquent. Le service du
Seigneur, en vérité, commençait déjà de lui coûter
bien cher.
Sans doute le trouvait-on souvent à la maison
des Granges, où habitaient les pasteurs de la
cathédrale. Il allait fréquemment à l'imprimerie
de Thomas Platter. Elle était à l'enseigne de l'Ours
Noir, dans le quartier du Mont Saint-Pierre, en
face de l'hôtel d'Andlow. De grandes fenêtres à
meneaux laissaient largement pénétrer la lumière
dans l'atelier où les ouvriers assemblaient leurs
lettres de plomb et faisaient gémir les presses.
Oporin choisissait les ouvrages, Robert Winter
fournissait les fonds, Lasius Ruch et Platter diri-
geaient l'imprimerie.
Et voilà que les anciens amis qu'il avait laissés
en France accouraient vers le réformateur. De
Noyon arrivaient son frère, sa soeur, celui auquel
il avait cédé sa chapelle de la Gésine, celui auquel
il avait donné la Cure de Pont-l'Évêque, et le