Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

L'ÉVOLUTION 67
coeur », et, peu après, de s'emporter avec aigreur,
ce dont, quelques instants plus tard, il éprouvait
un mortel regret.
Ses amis ne se laissaient point rebuter par ces
mouvements d'humeur, et ceux mêmes qui ne
devaient pas le suivre dans sa conversion lui
témoignaient la plus vive amitié. Il en avait
laissé à Orléans qui faisaient souvent le chemin
pour l'aller voir, et Daniel et Duchemin ne manquaient
pas de lui rendre visite. Ils lui confiaient
des missions délicates, et c'est ainsi qu'un jour,
le 25 ou 27 juin 1531, Calvin écrivit à Daniel :
Dimanche je me suis rendu au couvent avec Cop,
qui s'était joint à moi, afin, selon votre désir, de fixer
avec les religieuses le jour où ta soeur se lierait par des
voeux définitifs. Pendant que Cop s'entretenait sur ce
sujet avec l'abbesse, j'ai sondé les sentiments de ta
soeur pour savoir si elle se chargeait doucement de ce
joug, le col brisé et non seulement courbé. Je l'ai vivement
exhortée à me confier librement tout ce qui pouvait
l'agiter. Mais je n'ai rien vu de plus prompt, de
plus dispos. Ce désir ne pouvait être assez tôt satisfait.
Tu dirais qu'elle joue avec ses poupées, chaque fois
qu'elle entend parler de ses voeux.
Je n'ai pas voulu la détourner de son dessein, parce
que je n'étais pas venu pour cela, mais, en peu de
mots, je l'ai avertie de ne pas être trop fière de ses
forces, de peur qu'elle ne promit, témérairement,
quelque chose d'elle-même. Je l'ai exhortée à tout
remettre à la force de Dieu, dans lequel nous sommes
et nous vivons.
Cependant qu'il s'en revenait du couvent, quelles
réflexions absorbèrent ce pseudo-prêtre qui ne se
pouvait résoudre à prononcer ses voeux et à s'en
aller enfin prendre possession de sa cure ? Il