Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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du jour et de la nuit. Le heurtoir, sans relâche,
cogne la porte.
Il y en a de doux et de timides. D'autres ont
le caractère emporté, l'humeur irritable. Certains
tiennent beaucoup de place et prétendent occuper
toute la salle. Des disputes éclatent. L'on ne mange
pas tous les jours à sa faim dans la maison du
réformateur, et l'humeur s'aigrit quand l'estomac
est vide. Beaucoup de ces jeunes gens qui ont fui
leur pays, sont épuisés par les privations de l'exil,
les fatigues et les rencontres d'un long voyage.
Ils souffrent, ils pleurent tous en commun.
Calvin vit au milieu d'eux. C'est dans ce tumulte
et cette agitation qu'il a ses catarrhes, ses migraines,
ses coliques. Lui-même fait beaucoup de bruit, et
sa présence est loin d'apporter un peu de calme
en cette demeure dont il est le maître. Il s'y
emporte à tous moments, entre en de telles colères
qu'il manque se jeter dans le feu, claque les portes,
brise les carreaux. Il reçoit des lettres de Farel
qui le transportent de joie aux premières lignes
et, aux dernières, le plongent dans un tel désespoir
que, toute la nuit, on l'entend s'agiter et gémir
dans son lit. Il cherche des papiers qu'il ne retrouve
pas, croit qu'on les a volés et se met dans une
telle fureur que, le lendemain, il ne peut se lever.
Il s'enflamme sur une censure des syndics et jure
que, dût-il vivre mille ans, il ne prêchera plus
rien dans cette ville. Ou bien, tout éperdu et
confus, pendant plusieurs jours, pleure la mort
d'un ami.
Seul Bucer est capable de l'apaiser, de lui rendre
un peu de calme. Calvin lui porte le plus tendre
et le plus respectueux des attachements. Il le
considère comme un père très bon, très sage,