Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

252 CALVIN
Conseil. Ameaux a parlé « contre la Réformation
chrétienne » et a « grandement outragé maître
J. Calvin ».
Il est condamné à la rétractation publique, mais
Calvin trouve la peine insuffisante et déclare qu'il
ne montera plus en chaire avant que réparation
lui soit accordée. Les autres pasteurs se solidarisent
avec lui. Farel et Viret accourent en renfort.
Voilà Genève de nouveau en effervescence.
Calvinistes et libertins échangent des injures. On
voit luire des mousquets.
Calvin passe, au milieu des robes noires qui
battent les gros pieds des pasteurs. En plus de sa
migraine, il est attaqué d'une démangeaison atroce
qui lui vient de petits vers intestinaux. Il a passé
sa nuit à se gratter, et ses ongles ont arraché la
chair, ce qui a provoqué une ulcération. Des
hémorrhoïdes sont en train de lui pousser.
Idelette, en outre, l'inquiète de plus en plus.
Tant de chagrins exaspèrent sa nervosité maladive.
Lui-même raconte dans une lettre à Viret
de juillet 1545, qu'un dimanche matin, alors qu'il
se préparait à aller à la campagne, n'ayant pu
trouver de certains papiers et s'étant imaginé
qu'on les avait volés, il est entré dans une telle
colère que le lendemain matin il fut obligé de
rester au lit et dut attendre jusqu'au soir avant
de partir.
Vraiment le service du Christ est bien dur ! Il
se sent envahi d'une sorte de désespoir. Cependant
il n'abandonne pas la lutte. Il ne perd rien de
son intransigeance et de sa rigueur. Il ne laisse
passer aucune faute, et, un jour, ayant vu des
gens qui allaient se promener au lieu d'écouter le
sermon, il déclare en pleine église Saint-Gervais