Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

VERS L'EXIL 133
Le réformateur ne poussa même pas jusqu'à
Noyon, où ses frères Charles et Antoine vendaient
des morceaux de terres héritées de leurs parents,
et ce fut, apparemment, sans avoir revu sa petite
ville natale qu'il reprit le chemin de l'exil d'où,
cette fois, il ne devait plus revenir. Il voulait
retourner directement à Strasbourg, mais Fran-
çois 1er et Charles-Quint se faisaient la guerre
et leurs soldats occupaient la Champagne. Les
gros canons de bronze, les coulevrines et les bombardes
ravageaient la campagne, et se fût-on
risqué à recevoir quelque boulet, que l'on n'aurait
pu franchir la ligne des troupes. Il fallut que Calvin
renonçât à traverser la Champagne et la Lorraine.
Il fit un grand détour par le Midi, et s'arrêta très
probablement à Lyon.
La ville était faite pour le charmer. Opulente
et riche, elle ne se contentait pas de son trafic
avec l'Italie. Elle marquait le plus grand intérêt
pour tout
et plus de
ce qui était du
cent imprimeurs
domaine de
y exerçaient
l'esprit,
« l'art
divin ». Leur prince, Sébastien Gryphe, avait
Etienne Dolet et Rabelais pour correcteurs, et
Frellon se servait de Michel Servet.
Est-ce là que l'Espagnol rencontra le Picard,
après l'avoir fui à Paris ?
M. Moutarde affirme que
le réformateur et son
fidèle ami Louis du Tillet descendirent chez les
frères Frellon, libraires rue Mercière, à l'enseigne
de l'Écu de Coulongne, et se montrèrent enchantés
de leur hospitalité.
Enfin, un jour de juillet 1536, Calvin, qui
n'avait pu se rendre directement à Lausanne, but
de son voyage, apparut, tout blanc de poussière,
devant les murs de Genève.