Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

DERNIÈRES ANNÉES 337
Puis il donne son avis sur le voyage de la reine
et du roi en Lorraine. Mais bientôt, il ne peut plus
dicter. « La toux et la courte haleine m'enlèvent
la voix », dit-il pour s'excuser.
Et jamais plus il n'écrivit à Bullinger.
Le mardi 25 avril, le notaire Pierre Chénélat
accourut à son chevet. « Estant malade et indisposé
de son corps seulement », Maître Calvin fit
son testament.
En premier lieu, il remercia Dieu de ce qu'il
avait eu pitié de lui, et non seulement l'avait
attiré à la clarté de son Évangile, mais avait supporté
en lui « tant de vices et povretez », et
s'était servi de lui et de son labeur pour porter
et annoncer la vérité de son Évangile. Il protesta
ensuite qu'il s'était efforcé d'enseigner purement
la parole de Dieu, tant en sermon que par écrit.
Puis, ayant demandé qu'on l'ensevelisse à la façon
accoutumée, il partagea le peu de bien que Dieu
lui avait confié, nommant son « frère bien-aimé »
Antoine « héritier unique », mais « honoraire tant
seulement », afin de tout laisser aux enfants de
ce frère. Il donna à son frère seulement une
« couppe », ancien cadeau de Trie, dix écus au
collège, dix écus à la bourse des pauvres, dix
écus à Jeanne Costan, fille de sa demi-soeur,
quarante écus à Samuel et à Jean, fils d'Antoine,
trente à Anne, Suzanne, Dorothée, ses filles, et
vingt-cinq écus seulement à Daniel, leur frère,
« pour ce qu'il a été léger et volage ».
C'est en somme, conclut-il, tout le bien que Dieu
m'a donné, selon que je l'ai pu taxer et estimer, tant
en livres (ils avaient été achetés par la Seigneurie
le 8 juillet) qu'en meubles, vaisselle et tout le reste.
CALVIN. 22