Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

LA RUPTURE 111
futures lumières de l'Église ? Par quels arguments
essayèrent-ils de le retenir ?
Mais sa décision était irrévocable. Plus rien ne
pouvait l'ébranler. Calvin possédait ce qu'il peut
bien y avoir de plus singulier en un homme faillible,
trébuchant et ignorant de ses fins : la certitude
de détenir la vérité ! Il rompit donc avec
l'Église, et pour la dernière fois franchit le seuil
d'un temple catholique.
Il était libre, prêt à redresser les hommes, et
d'un coeur ferme, d'une main rude et contraignante,
à les obliger de marcher dans les voies
du Seigneur, c'est-à-dire dans le chemin tracé par
le réformateur Jean Calvin.
Il se mit aussitôt à l'oeuvre, et ajouta au désordre
de sa petite ville.
Deux jours après sa renonciation, le 6 mai 1534,
le chanoine Fourcy de Cambrai, docteur en théologie,
expert en foi et lié d'ancienne amitié avec les
Cauvin, fut chargé de joindre son frère Charles,
de plus en plus engagé dans le mouvement protestant
et de lui parler
le plus secrètement qu'il lui sera possible, et savoir de
lui s'il entend soutenir la proposition erronée par lui
mise en avant, afin d'adviser.
Deux jours après, les conclusions furent déposées,
Charles était devenu hérétique.
La veille de la Trinité, un nommé Jean Cauvin
provoqua dans la cathédrale une manifestation
tumultueuse, qui le fit incarcérer, le 26 mai, à
la porte Corbaut, la prison du Chapitre. Des amis