Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

MARIAGE DE CALVIN 217
devant toute question contestée comme devant
un abîme, de peur de rencontrer et de heurter
quelqu'un ? En vérité, comme il le lui a dit plusieurs
fois, il n'est pas glorieux, pour eux, de se
refuser à signer de leur encre ce que tant de martyrs
scellent de leur sang. Pour lui, il aimerait
mieux mourir cent fois avec Mélanchton que « le
voir survivre à sa divine et naturelle grandeur ».
Cependant qu'il s'achemine ainsi vers la ville
du colloque où vont se réunir tant d'illustres
personnages, n'a-t-il pas l'espoir de rencontrer
enfin le gigantesque Luther, qu'il n'a jamais vu
encore ? Il doit souhaiter ardemment le connaître,
car il rêve d'un accord entre toutes les Églises
réformées, et rien ne l'attriste plus que de savoir
que le démon suscite des querelles entre les protestants
afin de les isoler les uns des autres. Le
pasteur s'inquiète tout particulièrement de la controverse
de Luther et Zwingle sur la nature de
la sainte cène. Quoiqu'il ait la meilleure opinion
de la piété du Saxon, il ne sait ce qu'il faut penser
de lui. Sa fermeté n'est guère qu'un orgueil offensant,
se dit-il, et qu'une bonne dose d'amour-
propre.
Calvin en est-il lui-même entièrement dénué,
de cet orgueil
si amèrement
et de cet amour-propre
aux autres ? — Un
qu'il reproche
mot de Luther
qui dira à Bucer :
Salue de ma part affectueusement Calvin, dont j'ai
lu les petits écrits avec plaisir,
va bientôt suffire à modifier ses dispositions. Sur
quoi, il apprendra, par Mélanchton, qu'il est fort
en grâce auprès de Luther, et que le moine saxon
a déclaré, un jour où quelques personnes lui ont