Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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les habitants travaillent pour la Seigneurie, et
c'est merveille de les voir manier la pelle et la
pioche au boulevard du Pin. Nul n'est exempt
de la corvée. Les gens de lettres, les avocats et
les notaires ont abandonné leurs écritoires, les
marchands leurs balances, pour s'en aller faire
le terrassier devant leurs femmes et leurs enfants
émerveillés. Les maigres, les gros, les forts, les
chétifs, et même les plus considérables besognent
comme des mercenaires et montrent un visage
riant. Un tel empressement à servir la cité émeut
le Conseil, qui décide de faire porter tous les jours
à boire à de si braves gens.
S'ils sont bons travailleurs, les Genevois sont
aussi francs buveurs, et le Conseil constate bientôt
« qu'il s'en va beaucoup de vin ». Mais puisque les
citoyens peinent de si bon coeur, il faut continuer
de les abreuver et de distribuer chaque jour douze
quarterons de vin pour cent personnes.
Là-dessus, l'ennemi s'avançant, on met des sentinelles
au long des murailles, et l'on décide de
faire sonner la grosse cloche afin de réveiller les
habitants, quand l'heure sera venue de courir aux
remparts.
Voilà donc Genève toute prête à la guerre. Le
plancher de ses greniers craque sous le poids des
vivres qu'on y a entassés afin de se trouver en
mesure de soutenir un long siège. Les armes
brillent. Les bons bourgeois s'exercent au maniement
de la pique et du mousquet et ils ont soin,
chaque soir, de les mettre à côté de leur lit avant
de s'endormir. Le bronze des canons luit au sommet
des remparts. La cité guerrière a renforcé
toutes ses défenses. Les Genevois, revêtus de leurs
habits militaires, sont prêts à verser leur sang