Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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O Dieu, conserve mon âme ! O Jésus, Fils du Dieu
éternel, aie pitié de moi !
Le bourreau se saisit de lui et, le traînant sur
le bûcher, l'attache à un pieu par une chaîne de
fer, de telle façon que ses pieds reposent sur la
terre. Il lui entoure quatre ou cinq fois le cou
d'une corde épaisse et lui met sur la tête une couronne
de paille saupoudrée de soufre. Le malheureux
a son livre suspendu au côté.
Retirés à quelques pas du bûcher, Farel et
Calvin contemplent l'Espagnol avec surprise. Au
moment de mourir, il se tait ! Il a abandonné la
polémique. Il n'est plus occupé que de son éternité.
Ce silence suprême de Servet déconcerte
Calvin, qui ne l'admet pas, ne le comprend pas.
Bien loin d'admirer la belle fierté de l'Espagnol,
le pasteur se dit que, s'il se trouvait attaché à sa
place au poteau du bûcher, il disputerait encore
jusqu'à ce que les flammes l'étouffent, afin d'affirmer
une dernière fois sa doctrine.
Servet prie entre les mains du bourreau. Il ne
s'interrompt que pour demander à cet homme de
ne pas le tourmenter longtemps. Puis le bourreau
allume sa torche et, le bras tendu, la promène en
rond.
A la vue du feu, le malheureux crie si horriblement
qu'il épouvante tout le peuple massé sur la
colline pour le regarder mourir.
Les flammes commencent de l'entourer. C'est
un petit feu qui fera durer longtemps le supplice,
et l'homme tout rouge se tord sur son poteau
devant les Genevois qui le contemplent. Au bout
d'un moment, comme il n'en finit pas de languir,
des gens du peuple courent jeter des fagots au