Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

PREMIER SÉJOUR A GENÈVE 143
N'être rien, n'avoir point reçu de titre officiel,
remâcher du matin au soir des pensées de discipline,
et devoir laisser les gens se livrer en toute
liberté à leur débauche, pour un homme du caractère
de Calvin, c'est une souffrance dont la brûlure
a quelque chose d'infernal. Il est, de plus, tourmenté
d'un chagrin intime qui achève de le remplir
de bile. Son ami du Tillet vient de l'abandonner
! L'ancien curé s'est prétendu las des
querelles des Genevois et, prétextant de son désir
de revoir Bucer, il a repris la route de Strasbourg.
Puis, de là, au lieu de s'en revenir, repentant et
contrit, il s'est échappé du côté de Paris.
Cette défaite a cruellement blessé le réforma-
teur, et il ne répond plus aux lettres du qui lui dit en substance
fugitif,
: « Nous nous sommes
trompés. Il en est temps encore, retournons en
arrière. » A quoi servirait que Calvin prit la peine
de sermonner une fois encore un malheureux qui,
ayant eu l'inappréciable bonheur de connaître la
vérité, est retombé dans son aveuglement primitif
? N'a-t-il pas si bien démontré le bon droit
de sa cause que chacun devrait s'en contenter ?
Il songe à traduire son Institution Chrétienne
en français, quand il lui faut accompagner Farel
à Lausanne, où se prépare une grande dispute
publique pour régler la question de la réformation
dans le canton de Vaud. L'affaire est d'importance.
Trois cent trente-sept prêtres ont été invités à
venir s'expliquer avec les protestants, afin que
le peuple puisse juger par lui-même et décider de
ce qu'il convient de faire.
La dispute
Vaudois ne
a
se
lieu
sont
le 30 septembre
pas
1536. Les
émus d'une lettre de
l'empereur Charles-Quint qui, dès le 5 juillet, a