Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

LE RETOUR A GENÈVE 237
syndics ont eu si grand hâte de reprendre après
qu'ils eurent chassé Calvin de leur ville. Ils sont
froids, raides, anguleux, et servent indifféremment
à tous les ménages de pasteurs qui se succèdent
dans Genève. Il y a là des coffres de noyer
ferré, un banc tourné d'érable, deux buffets, des
tables de noyer carrées dont l'une est ferrée, un
« long banc tornier de plane », une « douzaine
d'escabelles, tant bonnes que méchantes », un
pupitre à livres. Idelette y ajoute ce qu'elle a
ramené de Strasbourg et répartit le tout dans le
cabinet de travail, les trois chambres à coucher,
la salle et la cuisine dont se compose cette maison
de la rue des Chanoines où elle vient d'arriver
pour en repartir presque aussitôt.
Elle a fini de la mettre en ordre quand elle
apprend que le seigneur de Freyneville a écrit
au Conseil « pour savoir la cause de ce que
M. Calvin tient sa maison ».
Il faut alors déménager. Le pasteur, sa femme,
ses pensionnaires et ses meubles se transportent
en mai 1542 dans la maison contiguë, qui fut la
demeure d'Aimé de Gingins, abbé de Bonmont.
Mais, là encore, maître Calvin a des ennuis, et
il réclame bientôt contre un regard de la maison
du sieur de Freyneville qui donne sur son jardin
et par où ses voisins « font quelques insolences ».
Le Conseil achète alors, le 2 mars 1543, la maison
du sieur de Freyneville, et Calvin redéménage
pour s'y installer, cette fois, définitivement.
Un beau jardin en terrasse, un beau jardin
lumineux d'où l'on voit, par-delà les toits des
maisons, briller les eaux bleues du lac de Genève,
permet au pasteur de respirer en paix un peu d'air
pur.