Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

292 CALVIN
A peine est-il revenu du supplice de Servet qu'il
lui faut reprendre la querelle sur la cène et entamer
une longue controverse avec Westphal.
En même temps, il paraît se consolider en sa
place. Le 24 février 1554, trois syndics sur quatre
sont pris dans son parti. Ses anciens ennemis
semblent vouloir se réconcilier avec lui. Ils se sont
engagés, par serment, à obéir à Dieu, à garder sa
parole et à obéir à la Seigneurie. Pour fêter cet
accord, le Petit Conseil en entier, les seigneurs
de la justice, plusieurs des seigneurs de la ville
et maître Calvin ont dîné ensemble.
En réalité, le fond du débat n'a pas été abordé.
« Appelé devant le conseil », écrit Calvin à Bullinger,
« j'ai déclaré pardonner à tous ceux qui se repentaient.
Mais j'ai fait observer que j'étais seul présent de tout
le Consistoire, et que j'aimerais plutôt mourir cent fois
que de m'arroger ce qui appartient à toute l'Église. »
Et il pense bien que la lutte va reprendre, car
il dit :
« L'Église de Genève est, comme l'arche de Noé,
ballottée sur les eaux du déluge. »
En effet, dès le 18 novembre 1554, Calvin et
son parti subissent un échec électoral. Les Libertins
font nommer l'un des leurs lieutenant.
Calvin est dans une excitation incroyable : un
jour, il présente au Conseil sa défense du Consensus
de Zürich. Il écrit alors à Farel :
«Peu s'en est fallu que je me jetasse au feu, car lorsque
je le montrai au Conseil, celui-ci décida de le remettre
à des censeurs. A cette réponse, je m'enflammai tellement
que je jurai aux quatre syndics : Dussè-je vivre
mille ans, je ne publierai jamais plus rien dans cette