Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

294 CALVIN
« De ceux même », dit Calvin, « qui ont abandonné
leur pays pour venir ici servir Dieu, il y en a qui s'y
portent assez lâchement... Que ceux qui sont venus
ici de loin, qu'ils avisent à se gouverner saintement,
comme en la maison de Dieu. Ils pouvaient bien vivre
ailleurs en débauche, et ne fallait point qu'ils bougeassent
de la papauté pour mener un train dissolu.
Et de fait, il y en a aucuns desquels
il vaudrait mieux
s'être rompu le cou que d'avoir jamais mis le pied en
cette Église pour s'y porter si mal. »
Les Genevois n'ont garde de laisser passer une
si belle occasion de se scandaliser des étrangers
et de les accuser de tous les crimes. Perrin les
dénonce aux Bernois, qui font savoir à Genève
que M. de Guise a entrepris de surprendre leur
ville par le moyen des Français qu'ils y ont reçus.
Ceux-ci sont encore au lit quand les soldats
viennent bouleverser tout ce qui est chez eux. Le
Petit Conseil a ordonné de fouiller les maisons où
logent les étrangers, afin de saisir les armes qu'ils
y tiennent cachées et de les jeter eux-mêmes en
prison. Mais, en dépit de leurs recherches, les
soldats ne trouvent à saisir que quelques arquebuses.
Ce traitement a plongé Calvin dans la consternation.
« Il m'est moins pénible », dit-il, «d'être attaqué personnellement
que de voir ici des malheureux, proscrits
pour Christ, tourmentés tous les jours par de telles
vexations. »
Lui-même n'est guère mieux traité que ses compatriotes.
Les noms d'hérétique et d'Antechrist lui
sont quotidiennement jetés à la face. Les Libertins
l accusent de prêcher la doctrine de Calvin et non
celle de Dieu. Un nommé Pétavel aurait dit :