Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

222 CALVIN
Le 12, il répond aux Genevois :
Je ne puis pas quitter la vocation en laquelle je suis
à Strasbourg sans le conseil et le consentement de ceux
auxquels Notre-Seigneur a donné autorité en cet endroit.
Torturé par la pensée de Genève il attend
l'ouverture du colloque. Il n'en peut plus d'impatience,
et se dévore d'anxiété.
Enfin Gravelle arrive le 22. Il fait son discours
le jeudi 25, à huit heures du matin, et, chaque
parti délibérant dans une salle à part, on commence
à s'occuper « du mode et de l'ordre » des
discussions. Les arbitres sont dans une troisième
pièce où le peuple a le droit d'entrer et de donner
son avis. Huit jours durant, Calvin reste enfermé
dans la salle des délibérations, l'esprit obsédé
par la pensée de Genève, le coeur plein de l'angoissant
souvenir d'Idelette, la bile échauffée par la
discussion, brûlant du désir de partir, lucide cependant
et ferme dans la dispute, d'un esprit si clair,
aux connaissances si étendues, qu'on l'a surnommé :
le théologien.
Et les atermoiements s'accumulent. Pendant
plus d'un mois, il doit réfréner son impatience.
Enfin le colloque s'ouvre le 14 janvier 1541, à
neuf heures du matin. Mais, cette fois encore,
on ne peut s'entendre et, trois jours plus tard,
l'assemblée est ajournée à Ratisbonne !
Calvin rentre à Strasbourg le 23 janvier 1541.
Idelette doit alors le trouver plus jaune et plus
irritable que jamais. La pensée de Genève ne
cesse de le tourmenter. Va-t-il lui falloir se replonger
dans cet enfer ? Il attend la décision du Consistoire
de Strasbourg, qui hésite, répugnant à se