Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

LA LUTTE 255
écritoires de la salle du Conseil à la barbe, pique
des crises de nerfs qui lui retroussent les cottes
au beau milieu des graves syndics assemblés, et
lui font jeter les jambes de tous côtés, à la grande
terreur de ces pauvres huissiers chargés du soin
d'emporter cette gaillarde femme, qu'ils ne savent
trop par quel bout attraper.
Ces Favre sont des gens intraitables ! Nulle
punition ne les assagit. Nous avons vu le frère de
Franchequise obligé de sortir de Genève. On pourrait
croire que l'exil l'a rendu plus prudent. Il
n'en est rien. A peine est-il revenu, qu'il recommence
à faire la mauvaise tête. Interrogé au
Consistoire, où le pasteur lui demande : « s'il n'a
pas été en prison pour la paillardise », il dit tout
d'abord « qu'il ne veut répondre,... qu'il n'a rien
à faire aux ministres, qu'ils sont venus de France »,
et puis, que le Consistoire n'est « qu'une nouvelle
juridiction pour gêner les gens ». Il doit bientôt
crier merci à Dieu et à la justice, renoncer à sa
bourgeoisie et quitter de nouveau Genève.
Mme Perrin n'en devient que plus enragée, et
n'arrête plus d'exciter le capitaine général, son
époux, contre le réformateur. Le capitaine général
recherche donc toutes les occasions de déplaire
à ce méchant Français, et bientôt les chausses
chappelées lui en fournissent une qu'il n'a garde
de laisser échapper. Le Conseil, jugeant les chausses
chappelées une vêture peu honnête, a défendu aux
Genevois d'en porter, ce qui a aussitôt décidé les
libertins à s'en commander de bien courtes et de
bien collantes, pour narguer ces Messieurs.
Perrin ne manque pas d'en revêtir une paire
de cette façon, le jour de la fête du tir de Papegay
et, en sa qualité de capitaine général, il fait une