Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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très courts afin que l'on voie mieux la rondeur
de leurs cuisses dont l'étoffe épouse très exactement
les contours. Les femmes n'offensent pas
moins le Seigneur par la hardiesse et la somptuosité
de leurs accoutrements. Elles dégrafent leur giron,
montrent leurs bras, se rabattent les cheveux sur
les oreilles, posent sur leur tête de hautes coiffures
provocantes, s'entortillent dans de la soie, du
velours, des étoffes d'argent ou d'or, comme si
ce n'était pas appeler le diable dans son corps
que le couvrir ainsi de choses délicates, et l'orner
de bijoux à la façon d'une châsse d'église
catholique.
Calvin est dévoré de l'envie de cacher sous un
long habit les formes masculines des Genevois,
de tirer les chevelures de leurs épouses, d'aplatir
rudement les bouffants de leurs robes, de transformer
les alcôves tièdes en de durs sommiers où
des anges terribles, des anges de colère et de feu,
veilleraient à la chasteté des corps, de brûler les
cartes des tripots avec les joueurs, les violons et
les danseurs. Qu'est-ce donc que ces gens qui ne
peuvent se marier sans musique, s'aborder sans
trinquer aux tavernes, et qui prétendent mêler
de la joie à tous les jours de leur existence ?
La joie, quand il ne faudrait que le calme de la
pénitence ! A quoi pense le Conseil, de laisser les
Genevois libres de leur conduite, c'est-à-dire libres
de pécher ? Un gouvernement doit obliger les
citoyens de vivre dans la vertu, c'est là le premier
de ses devoirs, et Dieu lui demandera compte de
toutes les fautes commises dans la cité. C'est
aussi son plus grand intérêt. La joie est mauvaise
conseillère, et porte le peuple au mépris de
l'autorité.