Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

PREMIER SÉJOUR A GENÈVE 147
présence corporelle, ce qui donne lieu à de graves
débats.
Mais que se passe-t-il donc ? Quelle force mystérieuse
paralyse les catholiques ? Un seul des
moines envoyés par les dix monastères prend la
parole, et tous les chanoines demeurent silencieux.
Cependant ce sont tous des hommes doctes et
habiles à parler en public. Ils ont été choisis pour
leur science théologique et l'éloquence de leur
verbe. Ils sont habitués aux subtilités de la casuis-
tique, aux arguments, aux arguties. On attaque
leur religion dans ses fondements les plus sacrés ;
et ils se taisent ! Un chanoine, tout-à-l'heure,
s'est levé, on a cru qu'il allait enfin répondre aux
protestants : il s'est contenté de lire une protestation
du chapitre, déclarant qu'il s'abstenait !
Est-ce donc que tous ceux qui se sont rendus à
l'appel de Lausanne inclinent secrètement au protestantisme
?
Les débats se poursuivent jusqu'au Jeudi
5 octobre, et, de tous les prêtres qui sont là, quatre
seulement ont pris part aux débats. Aussi le peuple
a-t-il la plus avantageuse opinion des doctrines
protestantes.
Calvin n'a encore rien dit. Mais voici qu'à la
dispute du jeudi, un catholique lit un mémoire
reprochant aux ministres réformés de mépriser
les anciens et saints docteurs.
Alors il se dresse. Depuis son arrivée à Lausanne,
une horrible migraine lui tenaille la tempe. Son
regard brûle dans sa face convulsée par la douleur,
mais le sarcasme qui bat dans sa poitrine
emporte sa timidité. Sa langue, merveilleusement
exercée au vieux collège Montaigu, attaque avec
emportement. Et la certitude qu'il a de détenir