Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

DERNIÈRES ANNÉES 325
est si brisé que je ne le regarde jamais (et je le
vois tous les jours) sans avoir besoin de consolation
».
S'il se reposait, au moins ! Mais non, il veut
rester sur la brêche jusqu'au dernier moment et
conserve toute son activité.
Dès qu'il se sent un peu de force, il se fait mettre
devant sa table à écrire. Quand il ne peut bouger
du lit, on lui apporte tous ses livres et il dicte
son volumineux courrier.
Il a de grands desseins et voudrait voir conclure
un traité entre la France et la Suisse, y compris
les cantons protestants, car, encore qu'il soit
devenu bourgeois de Genève, il reste profondément
attaché à sa patrie.
Il écrit à la reine de Navarre, à Soubise, au
comte de Crussol, à Coligny, au prince de Condé,
aux Dauphinois. Il recommande la patience aux
fidèles de Chambéry. Il ne veut pas que l'on
s'insurge contre l'autorité des gouvernants. Tant
que l'honneur de Dieu est sauf, il faut tout endurer
et se soumettre aux lois du pays. A Viret, il
indique la façon de demander l'autorisation de
tenir un synode à Lyon et joint à sa lettre un
modèle de requête.
Il lui faut s'occuper de l'église par delà les frontières,
envoyer partout des prédicants pour qu'ils
répandent la doctrine calviniste, et de son lit,
en faire manoeuvrer la vigilante armée, soutenir
ses défaillances, réparer ses fautes, puis le moment
venu renforcer son courage en l'excitant au
martyre.
Il écrit alors des lettres très belles, très hautes,
très évangéliques.
Mais il lui arrive aussi d'en envoyer de singu-