Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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instant son essoufflement lui coupe la parole, et
la toux le suffoque, mais il s'obstine et poursuit
jusqu'au bout sa lettre à la duchesse Renée de
Ferrare. Ne faut-il pas soutenir la foi des fidèles.
Les douleurs continuent de le torturer et par
moment il est dans un tel état de faiblesse qu'il
reste sur son lit sans faire le moindre mouvement.
Ses amis pourraient le croire parti vers Dieu s'ils
n'entendaient son souffle lui sortir bruyamment
des narines.
Mais ce n'est là qu'une défaillance passagère.
Le corps mourant se ranime tout à coup, le buste
se dresse sous la chemise qu'il perce de ses os,
la tête se tourne... Il y a encore quelque chose à
faire ! Et la voix étouffée, la pauvre voix qui
a perdu toute sa résonnance dicte une nouvelle
lettre à son frère Antoine qui s'est remis devant
sa table.
Cette fois Calvin s'adresse à Bullinger.
« Si la douleur au côté s'est apaisée », dit-il, « la respiration
est difficile et courte. Depuis douze jours, un
calcul est dans la vessie et m'occasionne de vives souffrances.
A cela s'ajoute l'anxiété et l'hésitation ; aucun
remède jusqu'ici n'a pu agir. Monter à cheval serait
un bon moyen, mais un ulcère aux veines hémorroïdales
me torture cruellement, même quand je suis assis ou
que je suis couché dans le lit ; tant s'en faut que les
secousses du cheval me soient tolérables. De plus,
depuis trois jours, la goutte aussi me fait souffrir.
Tu ne seras pas étonné que tant de douleurs me rendent
inactif. C'est avec peine qu'on me décide à manger.
Le goût du vin m'est amer. 1 »
1. Lettre à Spina du 6 avril.