Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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On ne sait quelle route les voyageurs suivirent
dans les Alpes. Sans doute prirent-ils la plus courte,
qui passait par les Grisons, le col de la Bernina,
la Vénétie. Puis ce fut Ferrare, enfermée dans
de hautes murailles. A mesure qu'ils s'en rapprochaient,
les deux amis voyaient sortir de ses rem-
parts et monter vers le ciel des dômes d'églises
qui miroitaient au soleil. Bientôt ils entrèrent dans
la cité. Ils se trouvaient maintenant chez Hercule
d'Este, le vassal du Pape. Ils n'allaient plus être
entourés que de cardinaux et d'inquisiteurs, tout
prêts à se saisir de leurs personnes pour en faire
bonne et prompte justice pour peu qu'ils sentissent
l'hérétique et que l'on vint à découvrir leur
supercherie. Car ils portaient tous deux des habits
de prêtre, afin de parvenir jusqu'à la princesse
sans éveiller les soupçons du redoutable Hercule,
qui menait une garde vigilante autour de son
épouse, dont les tendances protestantes le. mettaient
en fureur.
La ville, à en croire Diane Arioste, l'une des
femmes de Renée, était « une tanière de puces et
de punes, avec une infinité de cousins, car autrement
on ne la doit appeler vu l'ordure qui lui
est dedans, en été particulièrement ». Le palais
lui-même était tout délabré, tout branlant, tout
moisi. Mais cela ne se voyait guère du dehors,
et il avait encore grand air sous son revêtement
de marbre rouge, au milieu des fontaines, des boules
de verdure, des cônes et des animaux que simulaient
des frondaisons habilement taillées.
Au tournant d'une rue, les deux amis se trouvèrent
devant sa masse flamboyante. Le château
de Renée de France éblouissait qui le voyait pour
la première fois. Puis le voyageur, s'étant habitué