Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

LA LUTTE 257
Quatre jours après, on trouve dans la chaire de
Saint-Pierre, « au lieu où M. Calvin s'appuie »,
un billet en patois savoyard, disant :
« Gros panfar » c'est-à-dire : Gros pansu (ceci s'adressait
à Poupin), « toi et tes compagnons, vous feriez
mieux de vous taire ; si vous nous poussez à bout, il
n'y a personne qui vous garde qu'on ne vous mette en
tel lieu que peut-être vous maudirez l'heure où vous
sortîtes de votre moinerie. C'est désormais assez de
blâme. Il est bien sûr que ces fottus prêtres renégats
viennent ici nous mettre en ruine. Quand on a assez
enduré, on prend sa revanche. Gardez-vous qu'il ne
vous en prenne comme à monsieur Verli 1 de Fribourg.
Nous ne voulons pas tant avoir de maîtres. Notez bien
mon dire. »
Quel en est l'auteur ? Les soupçons se portent
sur Jacques Gruet, libertin, qui se pique d'écrire
et est connu «. pour savoir coucher par écrit ce
qu'il composait en patois, chose rare en tout
temps, rarissime à son époque ». Arrêté le 28 juin
1547, il nie. On le menace de la torture. Il nie.
On le torture. Il est mis à la corde. Il avoue
« spontanément ». Le 25 juillet, il est condamné
« à devoir être mené à Champel et à avoir la tête
tranchée de dessus les épaules et son corps attaché
au gibet et sa tête clouée en-dessus ». Il meurt
avec un grand courage.
Les esprits s'échauffent. Le 16 décembre 1547,
un violent tumulte éclate au Conseil des Deux-
Cents, avant l'ouverture du Conseil, devant la
et sort de la ville. En sortant elle rencontre Abel ; « elle
le choque avec son cheval, puis pique et s'en va ».
1. Wernly, chanoine, tué à Genève en 1534 dans une
émeute.
CALVIN. 17