Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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il fût resté là tout le jour, confiné avec ses livres.
Déjà son corps débile répugnait à sortir d'entre les
draps, et il éprouvait une volupté singulière à se
sentir les membres bien reposés, cependant que
l'esprit, délivré du soin de soutenir et d'animer
la chair, s'abandonnait tout entier à sa passion
d'apprendre.
Mais il fallait aller aux Écoles, près de l'église
Notre-Dame de Bonnes-Nouvelles.
Il était timide, craintif. La pensée d'affronter
les étudiants qui s'y pressaient le mettait hors de
lui. Il ne pouvait se faire à leurs façons dissipées,
et son indignation était si grande, qu'il en oubliait
sa timidité pour apparaître au milieu d'eux, maigre,
pâle et véhément, le sourcil levé sur un regard
de feu. Il reprochait les plaisirs, les orgies de la
nuit, les viandes englouties aux banquets monstrueux.
La paleur de son ascétisme faisait mieux
ressortir le cramoisi des joues allumées par le
vin, et la santé qui débordait des gros garçons
arrêtés dans leurs jeux, insultait à sa maigreur.
Il s'emportait, menaçait de la colère divine, énumérait
les fautes, jetait à chacun son nom comme
une insulte. Sans qu'il
plein du ressentiment
s'en rendit compte,
de sa débilité. Son
il était
estomac
se fût refusé à digérer le repas qu'il reprochait.
Il fallait
l'oeuvre
qu'il fût sobre
de son destin.
et chaste pour accomplir
On l'écoutait avec curiosité. Déjà il était devenu
légendaire. « Jean sait décliner jusqu'à l'accusatif
», disaient les basochiens, en s'écartant de lui.
Ses accès de colère passés, Calvin avait de violents
désespoirs. Pourquoi était-il possédé de cette
sorte de démon furieux, qui le faisait s'emporter
avec ses meilleurs amis, et remplissait sa bouche