Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

A NOYON 11
son mur, du côté de la cour, la saillie que formaient
les deux cages d'escalier, pour prendre bonne opinion
du promoteur du chapitre.
Le
bois.
rez-de-chaussée était fait de pierre et de
Les' gens de la place s'agitaient dans les petits
carreaux verdâtres des fenêtres 1.
Aux jours de marché, les meuniers arrivaient
avec leurs ânes chargés de gros sacs qui traînaient
jusque sur le sol en laissant parfois échapper un
peu de farine. On entendait leurs cris, leurs jurons,
et leurs coups de lanières sur l'échine des bêtes.
Les chalands gesticulaient alentour.
La maison de Gérard Cauvin n'était pas de
celles où règne un si grand silence qu'on peut
ouïr
Les
la dame filer son lin et marmotter ses prières.
deux frères 2 et les deux soeurs du petit Jean
y entretenaient une animation constante, renforcée
de la présence des nombreux visiteurs — pour
la plupart gens d'Église
-—
qui en encombraient
la salle. On y trouvait aussi le beau-père de Gérard
Cauvin, Jean Le Franc.
Il était originaire de Cambrai, où le métier d'aubergiste
l'avait bellement enrichi. C'était un homme
considérable. En 1498 la Ville l'avait nommé bourgeois,
et il siégeait maintenant parmi les membres
de son Conseil, où l'on ne voyait que de notables
1. La maison dite « de Calvin » que l'on pouvait encore
voir en 1914, à Noyon, n'était pas celle où était né le
réformateur, mais datait du XVIIe siècle. La Société de
l'histoire du protestantisme en a restauré les ruines
après la guerre de 1914-18 d'après les dessins faits pour
l'ouvrage si documenté du doyen Doumergue. L'inauguration
de la nouvelle « maison de Calvin » a eu lieu à
Noyon le 6 juillet 1930.
2. Un troisième frère mourut en bas âge.