Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

STRASBOURG 199
annoncer son retour définitif au catholicisme. Il
est resté tout étourdi du coup. Puis il a eu une
grande colère, que des larmes ont noyée.
Son coeur, tel un volcan en éruption, jette comme
une lave la bile dont il est encombré, puis, brusquement,
s'apaise jusqu'à vouloir devenir un lac
de mansuétude, quitte à éclater de nouveau quelques
secondes plus tard.
Le malheureux s'est donné le Christ pour
modèle, et il n'est qu'humeur, colère, remords et
gémissements. Cet idéal auquel il ne peut atteindre
le tourmente d'un désir incessant. Et l'on dirait
que tout conspire pour le rejeter sans cesse à son
péché. Il fait des progrès, il croit avoir dompté la
bête féroce, et puis un disciple le trahit, un fidèle
s'adonne au vice, et toutes ses belles résolutions
s'envolent en une seconde. Calvin se retrouve
injuriant son contradicteur, blessant le meilleur
de ses amis, sautant d'un fauteuil, claquant une
porte, renversant une table. Et, chaque fois, c'est
tout un travail à recommencer dans les larmes de
la pénitence.
Un jour de 1539, il apprend que Caroli qui,
destitué de ses fonctions, était passé en France,
vient de reparaître en Suisse, où il annonce qu'il
va procéder à sa troisième conversion et redevenir
protestant. La brebis perdue rentre au bercail !
Tous les bras doivent s'ouvrir devant elle ! Cette
brebis-là, pour tout dire, à une certaine époque,
fut assez enragée, et le mauvais esprit qui la
possédait alors l'a égarée jusqu'à lui faire accuser
Calvin d'arianisme. A ce moment-là, peut-être bien
que le réformateur lui souhaita mille morts afin
qu'elle ne pût proférer plus longtemps de si abominables
propos. Mais aujourd'hui, Calvin ne voit