Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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présomption qu'il importait d'étouffer au plus tôt.
Il en conçut une vive colère et une rancune tenace.
Quel mot d'ordre avait-il laissé dans Paris avant
de le quitter ?
Il en avait à peine franchi l'enceinte, que survint
l'affaire des placards. Dans la nuit du 13 octobre
1534, des affiches injurieuses contre la messe
furent collées sur tous les murs de Paris et de Blois.
Il y en avait jusque sur les portes du château
royal.
Ce fut le signal d'une violente persécution. Les
premiers bûchers s'allumèrent. Beaucoup de protestants
s'enfuirent. La plupart des voyageurs
qui galopaient sur les routes portaient de faux
noms et de fausses barbes. Des moines qui égrenaient
avec ostentation de gros chapelets de bois
cachaient des armes sous leur froc d'emprunt et
maudissaient intérieurement la messe et les capucins.
Tel postillon ou tel roulier n'était qu'un
professeur déguisé qui fuyait la fureur de la Sorbonne.
Des prêtres dissidents avaient enfoncé leur
tonsure dans des chaperons de bourgeois ou des
bonnets de paysans, et plus d'un soldat qui entrait
à l'auberge pour y passer la nuit, eut été bien
empêché de dire à quel colonel il appartenait,
de même que plus d'un artisan qui voyageait
par petites étapes, sa houe sur l'épaule ou sa
truelle à la main, se fût trouvé fort en peine s'il
lui avait fallu se servir de ses outils. Tous les
visages mentaient, et l'on ne savait jamais à qui
l'on avait à faire.
Tel était le chemin que suivait le réformateur,
en s'en allant vers le pays de l'exil.
Il passa par Angoulême pour y prendre le curé