Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

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D'accord avec les syndics, les pasteurs ont fait
imprimer et distribuer dans le peuple la confession
de foi. Mais, dès qu'ils l'ont entre les mains, les
Genevois furieux la déchirent, et les cris deviennent
plus violents : « Nous n'irons pas au sermon sur
l'ordre d'un « syndic », déclarent les catholiques
et les protestants dissidents par la bouche de
Richardet ; « nous ne voulons pas être contraints
mais vivre dans notre liberté ». Les pêcheurs du
lac Léman couchent leurs grandes voiles dans les
bateaux qu'ils ont ramenés au port, et courent
s'assembler autour des hommes qui les appellent.
Les tresseurs de corde abandonnent leurs filets.
Les uns quittent l'étuve, les autres la forge, le
chantier, la boutique...
Toutes les guenilles, toutes les misères, toutes
les tares grouillent dans les rues, car Genève est
devenue le réceptacle où se déverse l'Europe, où
l'on aborde quand on est ruiné, banni, chassé,
quand on est libre-penseur, ou voleur, ou assassin.
On y vient pour échapper au bûcher de l'Inquisition
ou à la potence du roi.
Souvent Calvin est hué, menacé, injurié, et des
coups de feu éclatent. La pétarade l'effraie. Il
sursaute, car il est nerveux, et précipite sa marche.
L'angle de la rue lui crache à la face. Des fenêtres
s'ouvrent à son passage pour laisser choir des pots
d'ordures sur sa tête. Ah ! cette ville, comme il a
envie de s'en enfuir! Il rejoint Farel, toussant à
fendre l'âme, le souffle coupé par la course et par
la peur. Il dénonce des abus, jette des noms de
coupables, préconise des remèdes, réclame une
plus grande sévérité, puis repart brusquement pour
monter en chaire et admonester ses ouailles.
Ces ouailles-là ne sont point de timides dévotes,