Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

266 CALVIN
Je n'ai pas encore décidé ce que je ferai, sinon que
je ne puis davantage supporter le caractère de ce
peuple, alors qu'il supporterait le mien.
La misère, la maladie, l'accablent. Ses poumons
sont en mauvais état. Il lui faudrait se
soutenir de bonne chère, de bon vin, mais son
maigre traitement de pasteur suffit à peine à la
nourriture de chaque jour, aux drogues, aux
médecins 1. La Seigneurie, qui a eu connaissance
de sa maladie et de sa détresse, lui a envoyé dix écus
soleil qu'il restitue, avec ses remerciements. Le
Conseil décide alors de transformer ces dix écus
en un bassot de vin pour les lui offrir en manière
de présent. Calvin remercie fort poliment la Seigneurie
d'avoir fait amener un bassot de vin en
sa maison,
ment.
mais présente dix écus soleil en paie-
La Seigneurie refuse à son tour cet argent, et
offre à Calvin de le garder pour se rembourser
des gages du serviteur attaché à son service et
que le Conseil entend lui payer. Calvin objecte
que d'autres ministres ont « nécessité », sur quoi
la Seigneurie s'engage à les assister en blé ou en
argent, et croit ainsi décider l'intraitable pasteur
à en recevoir sa part. Mais Calvin s'entête dans
son refus et, n'ayant pu faire accepter ses écus
en paiement du bassot de vin, requiert qu'on les
rabatte de son traitement afin de secourir de plus
nécessiteux que lui. Son honneur et son intégrité
ne sont-ils pas sa seule richesse ?
1. Marguerite, soeur de François 1er, fait parvenir à
Calvin en 1549 la somme de 4.000 francs. Renée de
France, duchesse de Ferrare, des seigneurs, des marchands
lui envoient de l'argent.