Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

286 CALVIN
Donc Calvin veut très fermement la mort de
Servet, mais s'attriste de la façon dont il va la
recevoir.
Il écrit à Farel :
Le scélérat a été condamné sans contestation. Il sera
conduit demain au supplice. Nous nous sommes efforcés
de faire changer le genre de mort, mais en vain.
Servet, dans sa prison, attend toujours que ses
amis le délivrent. En apprenant l'arrêt de mort
qui vient d'être prononcé contre lui, il demeure
stupéfait.
« Quand on lui eut apporté les nouvelles de mort, »
écrit Calvin, «il était par intervalle, comme ravi. Après,
il jetait des soupirs qui retentissaient dans toute la
salle ; parfois
il se mettait à hurler comme un homme
hors de sens. Bref, il n'y avait non plus de contenance
qu'en un démoniaque. Sur la fin, le cri surmonta tellement
que sans cesse, en frappant sa poitrine, il criait
en espagnol : Misericordia ! Misericordia !
Farel, qui est accouru de Neufchâtel au bruit
de ce procès, s'efforce de l'amener à un repentir
qui sauvera son âme et fera peut-être adoucir le
supplice. Il le presse d'avoir une entrevue avec
Calvin. Le Conseil autorise le pasteur à se rendre
à la prison, accompagné des seigneurs Cornu et
Bonna. L'un de ceux-ci lui demande ce qu'il a à
dire
crier
à Calvin, et le malheureux
« merci ! »
répond qu'il veut
« Je proteste », lui dit Calvin, « que je n'ai jamais
poursuivi contre toi aucune injure particulière. Tu dois
te ramentevoir qu'il y a plus de seize ans, étant à Paris,
je ne me suis épargné à te gagner à Notre-Seigneur, et
si tu t'étais accordé à raison, je me fusse employé à te