Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

L'ÉCHEC 177
de la chaire et de l'autel, et, dût-on les massacrer
sur place, ils n'abandonneront pas un pouce de
leur autorité ecclésiastique.
Le peuple va-t-il être privé de la cène le lendemain
saint jour de Pâques, à cause de l'obstination
de deux méchants prédicants ? De nouveaux cris
de mort éclatent, plus menaçants. De tous côtés
partent des coups de mousquet. De gros souliers
battent la porte des pasteurs. La populace vociférante
va-t-elle en faire sauter les gonds et envahir
la maison ?
Justement, Calvin est seul. La nuit vient de
tomber, rendant les clameurs du peuple plus
sinistres, et les coups de feu plus sonores. La
chandelle qui l'éclaire pousse sa fumée rousse vers
le plafond, et il travaille à sa lueur vacillante, seul
dans
maudit.
sa chambre, au milieu de la ville qui le
Soudain, un grand coup de heurtoir. C'est encore
le sautier. Le Conseil l'a dépêché, pour la dernière
fois, à la maison des pasteurs.
« Voulez-vous prêcher demain, jour de Pâques, et
donner la cène selon la teneur des lettres de Berne ? »
dit-il.
Farel étant absent, Calvin refuse de répondre.
« Alors », reprend le messager, « de la part de Messieurs,
je vous défends la prédication pour demain.
On en trouvera d'autres. »
Dès le retour de Farel, les deux pasteurs se
concertent et décident de prêcher le lendemain
pour reprocher au peuple et aux magistrats leur
conduite envers les défenseurs de la Réforme. Le
bruit s'en répand aussitôt et la ville vocifère. Les
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