Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

MARIAGE DE CALVIN 207
On lui offre une jeune fille, mais elle ne connaît
pas un mot de français, et Calvin ne sait pas
l'allemand. La vie commune ne serait pas très
facile. De plus, elle est riche, et le pasteur redoute
qu'elle ne se souvienne trop de sa naissance et
de son éducation.
Peu de temps après, il a un nouveau projet en
tête, et on le voit tout agité, attendant anxieusement
le retour de son frère qu'il a envoyé, avec
un ami, solliciter la main d'une autre jeune personne.
Celle-ci n'a point de dot, mais sa vertu
est la plus belle de toutes les fortunes et ceux qui
la connaissent en font un magnifique éloge.
Son frère et son ami l'ont fiancé. Pendant trois
jours Calvin ne pense plus qu'à ses noces. Il en a
une joie enfantine. Plaise à Dieu que Farel puisse
venir bénir son mariage ! Avant le 10 mars 1540,
il sera l'époux de ce modèle de toutes les vertus.
Déjà le malade se voit soigné, abreuvé de bonnes
tisanes chaudes, couvert de cataplasmes... et voilà
que des bruits fâcheux lui parviennent. La jeune
fille n'est point ce qu'il croyait ! Elle pourrait
bien, plus tard, ne pas se contenter des joies pures
et austères que lui ont promises les envoyés
du pasteur, et laisser son pauvre époux se débrouiller
comme il pourra avec toutes ses maladies.
Épouvanté, Calvin se hâte de renvoyer son frère
afin qu'il le délie de son serment. Il se montre fort
ému du fâcheux incident et la peur le prend quand
il songe à quel danger il vient d'échapper. Vraiment,
le mariage est une chose grave, qui demande
bien de la réflexion et de la prudence. Ne doit-il
pas, d'ailleurs, se montrer plus circonspect qu'aucun
autre homme ? Que deviendrait sa maison
si, par aventure, il y introduisait une mégère