Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

264 CALVIN
Pierre, qu'il traverse tant de fois par semaine. Cet
horizon élargi lui donne une illusion de liberté.
Loin des Genevois, il respire mieux. Les bons pasteurs,
autour de lui, rient haut et fort dans leurs
grandes barbes pointues, tout divertis de se voir
la pelle et le rateau en main, et Calvin, comme
tout le monde, se laisse aller à la gaieté. Ne dit-il
pas qu'à côté de la nécessité nous vie, faire
devons, dans
place
la
au « plaisir » et à la « délectation »
des biens
nature.
terriens, et tout particulièrement de la
Dans ses bons jours, le Picard va même jusqu'à
se livrer à des calembours ! M. de Bure y devient
M. le comte de Beurre, et la cour de Malines, la
cour de Malignes. Maître Calvin a pris le goût de
la facétie au contact de Viret et de Théodore de
Bèze qui, tous deux, cultivent ce genre de plaisanterie,
dont il s'amuse énormément.
D'autres fois, il se promène dans son jardin
avec Farel, Viret, son frère Antoine, ses amis
genevois, de Trie, de Normandie, Cop. De là, il
aperçoit, à gauche le Jura, à droite les Voirons et
les Alpes. Au milieu, le lac étincelle au soleil.
Calvin se plaît à ce spectacle, où il prend occasion
de reconnaître, une fois de plus, la sollicitude du
Tout-Puissant, soucieux de ménager la récréation
d'une belle vue à ses créatures. Il apprécie que,
de sa chambre, l'on puisse contempler les montagnes
et le lac. La situation d'une maison, en
effet, n'est pas une chose qu'il juge indifférente,
et il se montre fort soucieux d'en trouver une
plaisante à M. de Falais, car, outre ses multiples
occupations, il cherche aussi des logis à ses amis,
après qu'il leur a procuré des servantes 1.
1. En février 1550, il cherche une domestique pour