Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

ESSAIS D'ORGANISATION 169
mais des hommes farouches, tout embroussaillés de
poil, avec de larges poitrines et des muscles
énormes qui broieraient le débile Calvin comme
un fétu de paille, s'il leur prenait fantaisie de s'en
débarrasser. Ces ouailles-là n'apportent point de
beaux livres d'heures à tranche dorée pour y suivre
les offices, mais des armes que le pasteur voit briller
en dessous de leurs cottes, des armes qui vont
peut-être, tout à l'heure, le viser et l'abattre d'un
seul coup. Calvin n'est point un homme de combat
comme Farel. Il ne se plaît pas au milieu du
tumulte. La pétarade des mousquets lui est insupportable.
Il a horreur des bâtons et se méfie de
la pointe des épées. Ses farouches paroissiens, rassemblés
dans le temple pour la guerre et non pour
la paix, font courir sur sa peau des frissons de
peur.
Cependant,
chaire. Plein
il les regarde en face, du haut de sa
d'une âpre éloquence, il leur reproche
leurs péchés. Il n'en oublie pas un. Il les fustige
âprement et passe en revue tous les vices des
Genevois. Il les prend à partie, les moque, et parfois
même, hors de lui, s'emporte jusqu'à l'injure.
Puis on le revoit au Conseil. Il s'y défend contre
les attaques de ses ennemis, se disculpe,
au milieu des calomnies, réfute, accuse,
se débat
et tente
de rallier à son parti ceux qui s'en détachent.