Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

LE TRIOMPHE 313
Cinq jours plus tard, Philippe II et Henri II
signent la paix de Cateau-Cambrésis. Ils vont
joindre leurs forces pour anéantir le protestantisme.
Alors, Genève fait de grands préparatifs de
défense. Maître Calvin ne doit pas laisser d'exciter
la population au combat, car les guerres religieuses
sont très loin de lui déplaire. S'il défend les autres,
il est tout près de recommander celles-là, qu'il
trouve légitimes.
« S'il n'était question que de la servitude des corps »,
dit-il, « il vaudrait possible mieux quelquefois la porter
patiemment que de mouvoir grandes séditions qui
viennent jusqu'à l'effusion du sang... mais quand il est
question de la ruine éternelle des âmes, nous ne devons
estimer nulle paix si précieuse que pour la garder nous
périssions à notre escient. Il vaudrait mieux que le ciel
et la terre fussent abîmés ensemble que l'honneur, qui
lui a été donné de Dieu son père, fut diminué. Faut-il
que, pour vivre, nous quittions l'auteur de vie ? »
Genève a pris un air guerrier. Les armes sont
soigneusement visitées, et tous les citoyens reçoivent
des piques deux fois hautes comme eux,
qui précipiteront dans les fossés des remparts
quiconque voudra escalader les murs de la cité.
Les femmes graissent les vieilles armures qui n'ont
pas vu le feu depuis trente ans. Les hommes décrochent
de son clou, pour l'essayer à la mesure de
leur tête, le casque bosselé qu'a porté leur père
et, tout en haut des remparts, les capitaines empanachés
inspectent la gueule des grosses bombardes
roulées sur les plates-formes des tours. On renforce
les murs de la cité, surtout celui de Saint-Laurent,
qui offre moins de résistance que les autres. Tous.