Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

DERNIÈRES ANNÉES 333
zaine de jours, « pour les censures avant Pâsques,
« et que ce serait pour la dernière fois... Je crois,
« ajoute-t-il, que ce sera ma fin, et que lors Dieu
« me retirera »
Sur l'ordre du Conseil, les Genevois prient Dieu
« pour sa prospérité ». Il faut que Messieurs les
pasteurs l'aillent souvent visiter, et qu'il soit
« assisté de vingt-cinq écus ». La Seigneurie qui
se souvient de l'histoire du bassot de vin se garde
de lui offrir cet argent directement, et le donne
« à son frère pour luy ». Mais le subterfuge ne
réussit pas. Calvin en ayant eu connaissance,
refuse ces écus qu'il n'a pas gagnés.
Le vendredi 24 mars, jour habituel des séances
de la congrégation, les pasteurs se réunissent dans
la chambre du malade. Calvin, ainsi qu'il l'a
prédit, va mieux. Sa respiration est moins sifflante.
On le « censure » le premier. On énumère les
fautes du moribond tout prêt à comparaître devant
Dieu. Les pasteurs sont là, assis autour de lui,
graves et sévères. L'un lui reproche ses emportements,
l'autre son aigreur. Qu'il prenne garde
à son orgueil, dit un troisième. Tous ils élèvent la
voix pour l'accuser. Et il les écoute, plein de repentir
et d'humilité. Certes, il déteste ses péchés.
Il les déteste depuis qu'il est en âge de com-
prendre, et s'émerveille de la bonté de Dieu, qui,
en se servant de sa personne pour répandre la
vérité de son Évangile, a bien voulu employer
à son service un aussi méchant instrument.
Puis, à son tour, il prononce sa censure. A chacun
de ses frères, suivant l'ordre en lequel les
pasteurs sont assis, il dit les dures vérités qu'il
faut entendre pour se corriger de ses vices et