Calvin / Jean Moura et Paul Louvet. 1931. - Bible et Rencontres

LA LUTTE 249
Soutenu par Calvin, le trésorier Amblard Corne
dénonce des abus, et les syndics qui se trouvent
compromis
mateur.
tournent leur colère contre le réfor-
Mais Berne est là. C'est une alliée dangereuse
qu'il importe de savoir ménager et contenir. Sa
convoitise la pousse à rechercher la guerre et, de
nouveau, elle se plaint de Genève. Il faut lui
dépêcher un négociateur habile. Calvin est le seul
homme jugé capable de traiter avec cette voisine
encombrante, et le Conseil, trop heureux qu'il soit
là pour tirer Genève, cette fois encore, d'un mauvais
pas, lui ouvre toutes grandes les portes de
l'Hôtel de Ville.
En vérité, on ne veut pas de la discipline. Encore
que Calvin, cette fois, ait su attendre son heure,
les Genevois ont senti l'étau se resserrer, et ils ont
aussitôt secoué les épaules pour s'en débarrasser.
Pour faire pièce aux Français, on continue de
boire dans les tavernes. Pendant le sermon, toute
la population joue aux quilles. Quant à la danse,
c'est une furie incroyable. Tout le monde veut
sauter le rigaudon, du plus jeune au plus vieux,
du plus agile au plus corpulent. Il faut danser
aux noces, aux baptêmes, aux anniversaires ! On
n'imagine point une fête de famille où il n'y aurait
pas de musiciens pour jouer les airs gais qui font
se trémousser les convives, et Calvin reconnaît
avec désespoir les plus graves personnages — ses
propres amis ! — parmi les gros hommes en robe
de magistrat qui suent sang et eau au son des
violons ! C'est ainsi qu'aux fiançailles des époux
Lect, le capitaine général Amy Perrin et le syndic
Corne, alors président du Consistoire, ont mené
le branle à Bellerive dans la propriété des parents